vendredi, 9 juin 2023
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Témoignage : « Miss Purple et alors ! Il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves »

Devenue comédienne à 70 ans, Arlette Najsztat, alias « Miss Purple », surnom donné par Bruno Solo sur un plateau de cinéma, croque sa deuxième vie à pleine dent. Avec quasiment 200 tournages à son actif, elle raconte son incroyable destin dans une biographie « Miss Purple, et alors ! », co-écrite avec Didier Celiset, et monte sur scène pout la première fois cette année, à 77 ans, dans une comédie théâtrale créée sur mesure, « Miss Purple se lâche ». Rencontre.

« Je suis Miss Purple depuis quelques années. Une marque de fabrique qui pourrait faire sourire, attiser la curiosité ou déplaire, mais je m’en moque, car à mon âge, prédomine une philosophie des choses de la vie. Et alors ! Dans ce monde où tout le monde juge, où les regards sont souvent des jets de jalousie ou des préjugés à peine déguisés, j’ai décidé de me faire remarquer, de cesser de me fondre dans l’anonymat et de jeter des étincelles de courage sur la morosité des jours. Il y a autant de façons de se faire remarquer que de raisons, et, en remontant le temps, on peut trouver la source de ce que certains voient comme une excentricité, une façon curieuse d’attirer les regards, alors que seul un rêve de petite fille, un rêve qui a mûri au fil du temps, m’a amené à composer ce personnage coloré. Ma vie est une fougue qui se balade sur les plateaux de cinéma, et cette ardeur semble être sortie de mes 70 ans pour me forcer à tenter une autre vie de femme (…). Il n’y a pas d’âge pour se faire plaisir, pour s’épanouir, pour apprendre, pour créer, pour avoir une vision constructrice de la vie. Après 70 ans, on peut encore avoir une vie sociale. Après 70 ans, tout commence !

Extrait de la biographie « Miss Purple, et alors !»

Pour la plupart des gens qui rêve d’exercer cette profession, le métier de comédienne est inaccessible. Il l’a longtemps été aussi pour vous. Votre quotidien parisien, bien éloigné des plateaux de cinéma, ne vous prédestinait pas à réaliser ce songe fou, et encore moins à 70 ans ! Comment expliquez-vous ce parcours hors norme ?

Cela ne s’explique pas vraiment, cela se vit. Mon enfance n’a pas été des plus faciles. Je suis issue d’une famille modeste. J’ai grandi à Paris dans un environnement non propice à l’épanouissement d’un enfant, avec mes frères et sœurs. Nous avons été élevés à la dure, comme on dit. L’affection parentale était la grande absente de notre quotidien. En mal d’amour, j’ai donc grandi en imaginant être « une star de cinéma », pour me sentir adulée. Mais la réalité me rappelait très rapidement à l’ordre. J’ai dû commencer à travailler à 14 ans, pour aider financièrement ma famille : vendeuse, secrétaire, sténodactylographe… J’enchaînais les petits boulots jusqu’à ce que je rencontre à 22 ans l’homme qui a bouleversé ma vie 44 ans durant, Charles, mon mari. Nous avons eu ensemble une vie simple bien éloignée des projecteurs, mais merveilleuse, remplie d’amour, de tendresse, d’admiration partagée et de profond respect. Nous étions très fusionnels et faisions tout ensemble. Commerçants, nous formions un duo élégant très apprécié par notre clientèle. A sa disparition en 2008, mon monde s’est effondré. Mon pilier, sur lequel je me suis reposée pendant plus de 4 décennies, n’était plus là pour me combler de son amour inconditionnel et pour « dicter » mon quotidien de femme à présent esseulée. Pendant 3 ans, je n’avais plus le goût de vivre et ne savais aucunement comment y remédier. C’est par pur hasard, qu’une amie me remis sur le chemin de mon rêve d’enfant. Me trouvant très photogénique, elle me conseilla de me lancer dans la figuration. Je l’ai prise au mot, et y suis allée au culot. En regardant un film à la télé, j’ai noté le nom du directeur de casting apparaissant sur le générique, Gérard Moulévrier. Une fois son mail trouvé sur son site internet, chose rare, je lui envoyai ma candidature. En m’orientant vers la personne en charge du recrutement des figurants pour le film « Turf », il ne savait pas qu’il allait être « l’amorceur de ma deuxième vie » qui a débuté le 23 août 2011. Depuis cette date, je m’épanouie artistiquement : figurations dans de multiples films, petits rôles dans des web séries étudiantes, pubs, clips… Grâce aux réseaux sociaux, aux sites de casting, à ma débrouillardise et ma bienveillance, j’ai pu me constituer un réseau. Je me rapproche aujourd’hui des 200 tournages et ne suis pas prête de m’arrêter !

Lire aussi : S’aimer pour se sublimer N°4 : montre-moi comment tu t’habilles, je te dirai qui tu es !

Une biographie, un spectacle. Votre parcours atypique suscite de l’admiration. Aimeriez-vous être un modèle à suivre ?

Pourquoi pas, si cela peut redonner espoir aux personnes de mon âge de vivre leurs envies et leurs rêves, quels qu’ils soient, c’est une excellente chose. Je suis la preuve qu’après 70 ans, tout est encore possible ! J’ai su me démarquer par ma façon de me vêtir et ma passion pour le violet. Je suis d’ailleurs toujours habillée de cette couleur, d’où mon surnom, « Miss Purple ». Ma biographie, co-écrite avec Didier Céliset, se titre ainsi, « Miss Purple et alors !». J’ai également la chance de monter sur les planches cette année avec mon partenaire Deen Abboud, dans une comédie écrite par Régis Le Guigot qui m’est dédiée, « Miss Purple se lâche ». A 77 ans, c’est une première pour moi. Se fixer de tels défis donne à nouveau un souffle à mon existence et me motive. J’encourage tout le monde à faire de même. Pour affronter les épreuves de la vie, sortir de la solitude, ou simplement pour vous sentir vivant(e), accomplissez votre chemin de vie, ce pour quoi vous êtes fait(e) et qui vous rend heureux(se) !

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